Ces dernières années, j’ai observé que le sens est souvent délaissé au profit des tendances graphiques et des techniques logicielles. Sur YouTube, certains créateurs transforment des logos d’entreprises, les modernisent ou réinventent parfois complètement leur apparence. Ces vidéos du type « Je redesign vos logos » abordent le graphisme sous l’angle purement esthétique sans questionner le fond.
Ces révisions de logos soulèvent une question cruciale : est-ce une bonne pratique de se concentrer sur l’apparence des logos sans considérer la signification des signes employés ? Pourquoi les connaissances en sémiotique visuelle sont-elles importantes ? Un graphiste peut-il faire l’impasse sur cette discipline ? 🤔 Ce sont les questions auxquelles nous répondrons dans cet article, découvrez comment la sémiotique visuelle devient un pilier indispensable de la conception graphique 🚀
Définition de la sémiotique visuelle
La sémiotique visuelle est une branche de la sémiologie. Cette discipline a vu le jour dans les années 1960. Elle étudie la production des signes visuels et le processus de signification. Le Traité du signe visuel constitue un ouvrage de référence en matière de rhétorique du message visuel.
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Quels sont apports de la sémiotique visuelle pour le designer graphique ?
Apport n°1 : 🧠 Comprendre le processus de signification
La production d’un message visuel nécessite un émetteur (marque, organisation) et un destinataire (cible). Pour qu’un message soit compris, émetteur et destinataire doivent partager les mêmes références culturelles. Si vous employez des codes graphiques qui ne correspondent pas à votre cible votre message sera mal compris ! Partant de ce constat, il est nécessaire en tant que graphiste de s’intéresser au processus de signification.
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Apport n°2 : 🎨 Maîtriser le choix des signes
Les signes visuels par leurs connotations permettent de véhiculer des idées. La couleur en est le parfait exemple ! Tout le monde admet la symbolique des couleurs. En communication visuelle, le cahier des charges donne le ton et l’objectif de communication, la promesse en publicité.
Le rôle du graphiste est de traduire ces directives textuelles en un visuel évocateur. Pour répondre à cet objectif, le graphiste doit convoquer les signes visuels les plus pertinents (typographie, mise en page, cadrage etc.). Comment ? Grâce à ses connaissances en sémiotique visuelle !
Les connaissances sémiologiques permettent de mieux maîtriser le processus créatif en ne laissant plus au hasard les différents choix artistiques. Formé à cette discipline, le graphiste choisit une couleur ou une mise en page avant tout pour le sens qu’elle apporte au message et non plus sur des considérations esthétiques personnelles ou des tendances graphiques.
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Apport n°3 : 🔎 Analyser une production visuelle
Dans le cas d’une création d’une identité visuelle
Concrètement, les connaissances en sémiotique visuelle vous seront utiles pendant la phase de veille. Elles vous permettront de discerner les codes graphiques pertinents sur des productions existantes. À l’issue de cette phase, vous pourrez synthétiser vos pistes graphiques dans un moodboard.
Le moodboard ou planche tendance est le support qui permet de synthétiser un univers visuel cohérent (palette de couleur, typographies, icônes, illustrations, photographies etc.). Il s’utilise en amont de la conception graphique pour poser la direction artistique d’un projet.
Lors d’une refonte d’une identité visuelle
Concrètement, la sémiotique visuelle permet à une marque d’analyser les éléments qui ne font plus sens dans son image, son identité visuelle. À quels moments une marque peut se retrouver dans cette situation ? Lorsque les besoins de la cible ont évolué, la ligne directrice n’a pas évolué depuis plusieurs années, de nouveaux concurrents arrivent sur le marché etc.
Pour une marque, analyser les codes graphiques existants permet de vérifier s’ils sont toujours en adéquation avec son positionnement et la ou cible(s) visée(s). Cette étape peut donner lieu à une refonte de l’identité visuelle. Dans la vie d’une marque, cette phase s’appelle un repositionnement.
🤔 Quelques questions à se poser :
- Les couleurs et les typographies utilisées sont-elles pertinentes ?
- Le style graphique est-il adapté pour traduire le ton de la marque ?
- Le degré d’iconicité est-il adapté pour traduire le ton de la marque ?
🧠 À retenir
Maîtriser les fondamentaux de la sémiotique visuelle est indispensable avant de réaliser vos premières productions sur les logiciels ✍️.
Le graphisme est un langage à part entière. De la même manière qu’on apprend une langue étrangère, il faut comprendre les signes et leurs connotations avant de produire des messages pertinents. La sémiotique visuelle est en quelque sorte la grammaire du graphisme.