En tant que futur graphiste ou simple passant, ne vous êtes-vous jamais exclamé en regardant une enseigne commerciale « Mais pourquoi cette couleur ? Ça n’évoque pas du tout [l’univers en question] ! ». Dans le cas d’une identité visuelle, une typographie adéquate associée à une couleur évocatrice communiquent le bon message visuel. En revanche, laisser ces choix au hasard peut conduire à des contre-sens ! Cet article vous permettra de comprendre comment les signes plastiques apportent des significations à une image.
Définition du signe plastique
Les signes plastiques sont les outils qui vont permettre à la fois de mettre en forme et de produire du sens. Dans son Traité du signe visuel, le Groupe μ développe l’analyse du message plastique et définit trois types de signes : la forme, la couleur et la texture. Chacun de ces signes possèdent différentes composantes.
Signe plastique | Composantes |
Forme (« formènes ») | dimension, position, orientation |
Couleur (« chromènes ») | dominance, brillance, saturation |
Texture (« texturèmes ») | éléments, répétition, rythme |
C’est avec tous ces outils plastiques que le graphiste met en forme les signes iconiques et textuels dans toute composition visuelle.
Les deux plans du signe
Le signe de Saussure est constitué d’un signifiant et d’un signifié. Chez le linguiste danois Louis Hjelmslev, le signifiant correspond au plan de l’expression (codes), le signifié au plan du contenu (concepts). Le plan d’expression est visible (niveau dénotatif) tandis que le plan du contenu est invisible (niveau connotatif). Les travaux de Roland Barthes sur la dénotation et la connotation doivent beaucoup à la pensée de Hjelmslev.
Saussure | Hjelmslev | Barthes |
Signifiant | Plan d’expression | Dénotation |
Signifié | Plan de contenu | Connotation |

Hjelmslev enrichit le modèle de Saussure en ajoutant à chacune des facettes du signe « forme » et « substance ». Les « formes » sont objectives / constantes. Les « substances » sont quant à elles subjectives et variables. Les signes plastiques n’ont pas de valeur fixe. Leurs significations sont dépendantes du contexte d’utilisation et du récepteur.
Formes | objectives / constantes | codes (caractéristiques) |
Substances | subjectives / variables | concepts (idées) |
Exemple
Pour illustrer les concepts vus plus haut, je vais reprendre l’exemple issu de l’article « Contribution à la sémiotique de l’espace » publié par Claude Zilberberg sur le site de l’Université de Limoges dans Actes Sémiotiques.


Sur le plan de l’expression, une maison peut être représentée comme un signe à la forme fermée et aux couleurs chaudes. La maison est un lieu qui évoque l’intimité. Sur le plan du contenu, l’intimité renvoie à la sécurité et au bien-être.
🧠 Ce qu’il faut retenir
Un signe est constitué de deux plans : un plan d’expression visible (des codes) et un plan de contenu implicite (des concepts). Pour choisir avec pertinence un signe plastique (couleur, mise en page etc.), il convient de réfléchir au message que l’on souhaite communiquer. Chaque signe plastique contribue à la production du message visuel.
Graphisme et linguistique sont intimement liés. Pour produire des messages visuels qui ont du sens il est indispensable de maîtriser le sens des mots et leurs nuances !
Principales sources :
- http://www.inrp.fr/Tecne/histimage/TeS2.htm
- http://www.signosemio.com/hjelmslev/hierarchie-semiotique.asp
- https://www.unilim.fr/actes-semiotiques/1761
- https://www.unilim.fr/actes-semiotiques/2624
Merci! très enrichissant