La théorie des couleurs de Goethe
- par Justine
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En design graphique, la couleur est sans aucun doute le signe plastique le plus prégnant. Elle permet de créer des ambiances et susciter des émotions.
Si Newton s’appuie sur des principes physiques pour expliquer la couleur, il existe une approche différente qui peut éclairer notre compréhension de la couleur : la théorie des couleurs de Goethe ! Le poète allemand adopte une approche diamétralement différente, mettant l’accent sur la perception et l’expérience subjective de la couleur. En quoi sa théorie a-t-elle contribué à influencer la psychologie des couleurs ?
Dans cet article, nous allons passer en revue les points essentiels de la théorie des couleurs de Goethe 🔎
📍 Point n°1 : le triangle chromatique de Goethe
Ce triangle présente les six couleurs fondamentales : le rouge, le jaune, le vert, le bleu, l’orange et le violet. Il n’inclut pas de paires de couleurs complémentaires opposées.
Les couleurs sont disposées de manière à créer une sensation d’harmonie visuelle lorsqu’elles sont observées ensemble. Par exemple, le jaune est placé en face du violet, le bleu en face de l’orange, et le vert en face du rouge. Cette disposition suggère des relations de complémentarité plus complexes que simplement l’opposition des couleurs complémentaires.
Goethe intègre également une variation de luminosité. Il place les couleurs plus claires vers le centre du triangle. Il représente ainsi la manière dont la luminosité peut varier en fonction de l’intensité de la couleur.
📍Point n°2 : une approche subjective de la couleur
Goethe insiste sur le fait que les couleurs ont des qualités subjectives et émotionnelles. Il associe des sentiments et des émotions à chaque couleur. Par exemple, le rouge est souvent associé à la passion et à l’intensité, tandis que le bleu est lié à la tranquillité et à la réflexion.
Le poète allemand développe sa théorie des couleurs dans son Traité des couleurs (1810). C’est dans la sixième section de cet ouvrage qu’il aborde l’« effet physico-moral de la couleur ».
En tant que graphiste, cette théorie est intéressante car elle permet de prendre en compte la manière dont les couleurs peuvent être perçues et comment elles peuvent évoquer des émotions. Si vous souhaitez améliorer l’impact émotionnel de vos créations, rappelez-vous la théorie des couleurs de Goethe !
📍Point n°3 : la nature de la couleur selon Goethe
Dans Traité des couleurs, Goethe décrit la production de la couleur comme étant un phénomène intimement lié au clair-obscur. La couleur est composée de trois éléments principaux : l’obscurité, la luminosité et la couleur elle-même.
L’obscurité
L’obscurité est le fond sur lequel la couleur se manifeste. Elle est la base sur laquelle la couleur apparaît. L’obscurité peut varier en intensité influençant ainsi la perception de la couleur. Goethe considérait que le noir était la couleur la plus intense.
La luminosité
La luminosité se réfère à la quantité de lumière présente dans une couleur. Elle peut varier du clair au sombre. Goethe a noté que la luminosité peut avoir un impact significatif sur la manière dont nous percevons la couleur, car elle peut modifier sa saturation et sa vivacité. Les couleurs plus claires sont généralement perçues comme plus lumineuses et plus éclatantes.
La couleur
La couleur proprement dite est ce que nous percevons comme une teinte spécifique. Goethe a identifié six couleurs fondamentales, comme mentionné précédemment : le rouge, le jaune, le vert, le bleu, l’orange et le violet.
Toute sa théorie repose sur l’opposition entre ombre et lumière, chaud et froid. Dans sa théorie :
- Le jaune serait dérivé de la lumière
- L’obscurcissement du blanc devient du jaune
- Le bleu serait dérivé de l’ombre
- L’éclaircissement du noir devient du bleu.
📍Point n°4 : les prémisses de la psychologie des couleurs
Goethe a associé certaines émotions et sentiments aux couleurs. Selon lui, la couleur n’est pas qu’un phénomène physique. Elle possède une tonalité émotionnelle et donc un impact sur l’humeur. Pourquoi le jaune provoque-t-il un sentiment de joie ? Le bleu une impression de tristesse ? Ces réflexions prennent racine en pleine période romantique.
Le romantisme est mouvement apparu à la fin du XVIIIe siècle en Allemagne. Il s’exprime à travers de nombreux domaines comme la littérature, la peinture ou encore la musique. Il se caractérise une volonté de l’artiste d’exprimer ses états d’âme. C’est dans ce contexte culturel que Goethe émet l’idée que les couleurs pourraient nous influencer selon leur teinte.
Les couleurs chaudes sont stimulantes
Les couleurs chaudes sont le jaune, le orange (jaune rougeâtre) et le vermillon (jaune-rouge).
- Le jaune est la couleur la plus lumineuse, elle inspire bien-être, chaleur et proximité.
- Le orange est une couleur énergique.
Selon Goethe, les couleurs chaudes auraient un impact positif sur l’humeur. Elles ont des vertus stimulantes et poussent à l’action.
Les couleurs froides sont apaisantes
Les couleurs froides sont le bleu, le pourpre (rouge-bleu) et le violet (bleu-rouge).
- Le bleu donne à la fois une sensation de fraîcheur et de tristesse.
- Le violet est une couleur sombre, elle inspire mélancolie et gravité.
Les couleurs froides seraient à la fois inquiétantes et apaisantes. Contrairement aux couleurs chaudes, elles invitent à la passivité.
🧠 À retenir
En résumé, la théorie des couleurs de Goethe met l’accent sur les dimensions perceptive et psychologique de la couleur. C’est une ressource précieuse pour renforcer sa compréhension des couleurs et améliorer l’impact émotionnel de vos productions. Elle offre une perspective différente des modèles physiques comme les synthèses additives et soustractives des couleurs.
Notons que ces associations faites par Goethe entre couleurs et émotions sont basées sur des observations subjectives et peuvent varier en fonction du contexte culturel et personnel.